Seedbombs

IMG_2819Voilà une idée qui n’a rien de neuf puisqu’on la doit à Liz Christy qui, il y a 40 ans lançait les premières seedbombs dans le quartier de Lower East Side a Manhattan. Je crois qu’elle bourrait des boules de Noël de graines et elle les lançait par dessus les grilles de terrains laissés à l’abandon pour faire prendre conscience de la nécessité de reverdir la ville. C’est ce mouvement de guerilla gardening qui fut à l’origine des community gardens de New York
En mai dernier, je me suis lancée dans une entreprise de fabrication de seedbombs que j’ai ensuite soigneusement emballés dans de jolis sachets de cellophane comme s’il s’agissait de truffes au chocolat avant de les donner un peu partout autour de  moi de manière à ce que chacun puisse lancer ces boulettes dans son quartier et multiplier ainsi les lieux.

IMG_2814Je n’ai pas une recette très précise de bombes vertes mais j’ai mélangé, ou plutôt nous, c’est nettement plus rigolo de faire ça à plusieurs. Donc nous avons mélangé plus ou moins le même poids d’argile que de terreaux avec beaucoup-beaucoup de graines et de l’eau. Là tout dépend de l’humidité de la terre mais il faut qu’au final cela fasse une pâte facile à travailler.
Comme nous avons fait nos seedbombs en mais j’y ai inséré toutes sortes de graines de fleurs. J’avais pour seuls critères qu’elles puissent être semées à la volée en pleine terre et en mai-juin. Mais si on fait les boules plus tôt on pourra y mettre des fleurs ou des légumes de printemps.
Nous avons façonné des boulettes de la taille d’une petite truffe au chocolat mais  la dimension des boulettes dépendra de la taille des graines: petites graines, petites boulettes, et vice et versa.
L’année prochaine j’ai bien envie de faire des bombes de légumes… 
Si vous voulez en savoir plus il suffit de googler : guerilla gardening – seedbombs – bombes vertes ou bombes à graines pour tomber sur de très nombreux articles et vidéosIMG_2818

Lumières à la friche

Cet été n’est pas des plus chaud, la pluie n’est jamais très loin et arrose de temps à autre nos grillades. Mais ce ciel qui justement n’est pas d’un bleu uniforme nous gratifie de nuances et de couleurs extraordinaires…

Lumières à la friche aujourd’hui…

La Tour Vagabonde au levé du soleil

… et quelques photos prisent ce soir

Le Jardin aux Betteraves

Cette friche, Louis Yerly l’a baptisée le Jardin aux Betteraves en hommage et clin d’œil au théâtre, à Roland Dubillard et à sa maison de la culture. Un nom pour mêler vie culturelle et betteraves… puisque nous avons créé un jardin sur cette friche.

Pour le jardin potager nous avons reçu de la terre végétale et c’est une couche de 30 cm de terre qui recouvre le terrain sur l’emplacement du jardin. Nous n’avons pas fait analysé la terre de la friche mais elle est probablement pollué puisque nous sommes sur un lieu industriel, à l’emplacement de l’ancienne fonderie.

Cette terre est apportée est un peu argileuse mais les légumes s’y épanouissent bien.

J’ai aussi tenté de faire un petit jardin en carré de 1,20 par 1,20 avec de la terre bio. J’avais envie d’expérimenter cette manière de cultiver pensée spécialement pour des espaces réduit en milieu urbain.

Le chou-pomme de mon micro-jardin.

Mais le Jardin aux Betteraves est bien plus qu’un simple jardin…

Bien évidement nous n’allons pas atteindre l’autosuffisance alimentaire avec notre petit bout de terre. Il y aura au plus quelques salades, radis et fleurs de bourrache pour les personnes qui viendront manger sur la friche mais ce lieu se veut un symbole, une utopie, une brèche, un lieu d’expérimentation à la fois de modes de cultures, au sens de faire pousser des légumes et de lieu culturel en marge de l’offre culturelle établie et subventionnée par la ville ou le canton.

La biodiversité qui c’est installée sur cette friche en plein cœur de la ville, cet espace de vie sauvage, ce poumon est une sorte d’appel à une forme de liberté. Bien évidement ce lieu est fragile et l’étang de la friche disparaîtra dans 3 ans sous les griffes des pelles mécaniques. Mais aujourd’hui il est là, bien là, foisonnant, croassant et gazouillant nous rappelant qu’il suffit que l’homme ne retire ne serait-ce qu’un peu son empreinte pour que le sauvage reconquière ces anciens territoires.

En lisière de la friche il y a une odeur de forêt, une atmosphère de forêt. A n’en pas douter, un jour elle était là, souveraine et y a laissé un peu de son âme malgré toutes les blessures infligée à ce bout de terre. Cette friche me porte et me nourrit du courage qu’à la vie de renaître sans fin.

Le Jardin aux Betteraves est aussi ça, une tentative de cohabitation entre la vie sauvage et la culture sauvage… oh, pas bien dangereuse ou méchante, juste celle qui peut jouer, s’approprier ou parfois déjouer les règles de l’urbanité tel le liseron qui sait parfois profiter des supports de l’éclairage publique pour s’élever.

La friche est sérieuse et elle est jeu, poétique et magnétique.

 

La friche au printemps

Ce sol, ce lieu d’exploration, d’observation, d’expérimentation se trouve à Fribourg, à la Rte des Arsenaux. Un accord de mise à disposition de la friche jusqu’en début 2015 à été signé avec le canton, propriétaire du lieu.
La Tour Vagabonde vient d’y être montée, la pinte à fondue aussi et, au printemps nous y avons commencé un jardin.

Vue de la friche depuis les voies ferrées en avril dernier. A l’avant plan on y voit l’étang qui s’est formé naturellement. Il est habité, entre autre, par une foule de grenouilles et un coupe de canards. C’est un lieu magique, extraordinaire, un ilot de biodiversité au cœur de la ville. Je ne sais pas quand l’étang c’est formé mais il est si riche et si peuplé que j’imagine qu’il est là depuis plus de 10 ans…

Le printemps à la friche…

Du rêve à la friche

Voilà, je reprend mon blog, les textes partent dans tous les sens, tant pis, peu importe, les idées peuvent elles aussi être organiques, grandirent, se développer, buter ici, repartir ailleurs, se ramifier…
Des amis se sont montrés intéressés à l’idée de ce festival itinérant et ont commencés à rêver mais il fallait un sol un peu plus de concret pour que cette graine puisse germer. Cette terre c’est Marie-Cécile et Jean-Luc qui l’on apportés. Nous nous sommes rencontrés il y a quelques années alors qu’ils étaient de retour à Fribourg avec leur pinte à fondue. Durant près de 10 ans, ils ont montés la pinte de places en friches en France, en Belgique, en Suisse. Plus modestement, avec mon compagnon, nous avons nous aussi baladé notre studio mobile et occupés quelques places ou coins de rues. Quand nous avons commencé à échangés nous nous sommes rendu compte que nous avions des expériences similaires de la rue. Nous aimons nous implanter pour un temps dans un lieu, vivre là, inviter les gens à s’arrêter un moment, eux, le temps d’une fondu, nous le temps d’une émission télé. Loin de la dangerosité prêtée à la rue nous la voyons comme lieu d’échanges et d’expression. La rue est aussi un lieu privilégié d’expression de la démocratie.
Naturellement je leur ai parlé de mes envies de nomadismes et eux arrivent avec une friche. Ils ont posé la Tour Vagabonde et la Pinte à fondu sur une friche 2 hivers de suite et là, nous allons tenter de faire vivre ce lieu durant l’été.

Cesser de raser pour tout reconstruire

Il y a un mythe très occidental qui glorifie celui qui est parti de rien et qui réussi brillamment, du conquérant qui transforme des terres sauvages en cultures à perte de vue, du génie, de l’inventeur qui, de son seul cerveau énonce une découverte capable de faire avancer si ce n’est le monde du moins la science. Mais voilà, petit problème à cet esprit conquérant: les terres sauvages sont habitées de peuples indigènes, les forêts vierges sont des réservoirs de biodiversité, les découvertes s’élaborent la plus part du temps à partir de découvertes antérieures et, en milieux urbains, beaucoup de centres commerciaux sont construit sur d’anciens quartiers ou des friches rasées. Rares sont les conquêtes et les constructions qui n’ont pas commencer par raser  une part de notre patrimoine .“Raser pour reconstruire” appartient au radicalisme arrogant des pouvoirs abusifs qu’il soient détenus par les maîtres du monde ou par des roitelets locaux élus ou juchés sur juste ce qu’il faut de pouvoir  pour leur donner un peu de hauteur et l’arrogance de celui qui sait mieux que les autres et à la place des autres. Des paveurs de bonnes intentions ou profiteurs de toutes sortes qui nous dessine l’enfer, ou, en tout cas, le règne du tout marchant et de  la tyrannie de la mondialisation. Que ce soit au nom du profit, du progrès ou de belles croyances nous ne cessons d’être témoins des blessures, des crimes et des drames humains, sociaux, et écologiques de l’idéologie du “raser pour mieux reconstruire”.

Le Bien Commun

Les bulldozers de ces raseurs détruisent avant tout notre bien commun, le patrimoine qui appartient à l’humanité.  Ces soustractions infligées, ces vols, ces pertes sont souvent définitives, irréparables. Une plante ou un animal qui disparait, une langue qui s’éteint, un quartier rasé ou une œuvre protégée par un droit d’auteur trop restrictif sont autant d’érosions et d’atteintes au bien commun. Les terres vierges ont été défrichées et sacrifiés avec elles les êtres qui les peuplaient. La diversité fait place à une monoculture à la fois biologique et culturelle. Notre terre, nos villes, aussi dévastées soit-elles sont notre Bien-commun. Notre résistance à la monoculture passe par une culture de la diversité tant culturelle que biologique. Aussi, naturellement, j’imagine un festival itinérant participant d’une écologie de la pensée, d’une culture de la diversité. Une manière symbolique, mais pourquoi pas aussi physique de cartographier l’existant, d’identifier les zones, les niches, les friches, les caves, les cours intérieures, les espaces petits ou grands où le multiple existe pour l’éclairer d’une autre manière. Mais aussi semer des graines dans des brèches ou simplement  préserver les petits espaces où le “sauvage” reprend ces droits, faire de la place aux “mauvaises herbes” et à des espaces de créativité. Un festival pour donner un peu plus de place au petit, au local et à la générosité du vivant. Un festival pour résister avec nos moyens, aussi modestes soit-il à l’érosion des cultures plurielles. Un festival pour laisser le foisonnant nous envahir et laisser vivre dans nos villes les chauves-souris, les grenouilles et les abeilles. Un festival pour rendre un peu plus perméable les lignes droites et les frontières tracées entre le sauvage et la culture. Cesser de vouloir tout maîtriser, faire de la place, ouvrir et laisser le lierre grimper sur nos caméras de surveillances.

 

Il y a une année et demi je lançais une bouteille à la mer…

…ou plutôt j’essayais de formuler par écrit des rêves et des idées qui me trottaient dans la tête depuis fort longtemps. J’avais déjà commencé à lancer quelques graines dans la tête de certains de mes amis mais j’avais besoin de faire un pas de plus et de développer un peu plus mon envie de festival itinérant, nomade, forain.

Ce n’était qu’un projet, un besoin, très loin d’être concret mais je ressentais la nécessité de le poser là où il en était et de le donner à quelques personnes susceptibles être intéressés histoire de voir s’il y a un terrain pour de tels rêves, suis-je seule ou est-ce qu’il y a quelque chose dans l’air en ce moment qui fait que ces rêves sont partagés et que l’on pourrait construire ensemble quelque chose. En fait, je sais que je suis loin d’être seule, nous sommes des multitudes à œuvrer à notre échelle, à notre manière, avec nos modestes projets dans notre environnement quotidien pour un monde plus respectueux de la terre et des êtres qui la peuple, un monde libéré de la tyrannie du marché mondialisé. Nous ne sommes pas seuls, nous sommes les 99% comme l’affirmait les indignés d’Occupy Wall Street. Nous ne sommes pas seuls, nous sommes des multitudes nous devons juste nourrir l’imaginaire. Souvent j’ai l’impression que l’imaginaire est ce qui manque le plus à notre société, l’imaginaire appartient à l’être et nous sommes dans une logique de l’avoir qui le stérilise. L’imaginaire est en fait simplement un regard élargit et curieux, une capacité de trouver des failles dans l’apparence hermétique des choses pour y planter des graines et élargir l’espace, c’est le petit pas de côté qui révèle milles possibles au-delà des façades mornes.

Graff qui se trouvait dans un lieu à 2 pas de chez moi, lieu disparu aujourd'hui et qu'on appelait Brooklyn.

Une phrase d’Amin Maalouf m’accompagne, il faudrait que je la retrouve précisément mais en substance elle dit: “Quand je pense le monde d’un point de vue rationnel, tout me porte à croire que nous courons à notre perte, mais quand je pense le monde d’un point de vue émotionnel, tout me pousse à croire que l’on va s’en sortir.” Il est évident que l’avenir s’annonce sombre mais l’histoire est pleine de micros événements totalement imprévisibles et qui pourtant ont changé le cours des choses. L’une des histoire qui m’a le plus fasciné est celle de Mathias Rust qui à 20 ans à peine à réussi à posé son petit avion Cessna sur la Place Rouge en 1987, en pleine guerre froide. Gorbatchev a profité de cet événement et du discrédit que ce geste à jeté sur l’armée rouge pour évincer les durs du régime. L’histoire c’est précipité et 2 ans plus tard le mur de Berlin est tombé. Pour certains analystes, l’acte de Mathias Rust est la première pièce du domino qui a entrainé la chute du mur…Aussi noir que puisse s’annoncer l’avenir le changement reste possible.

A mon échelle, très modestement, je rêvais d’un festival itinérant.

BuskersTV -Berne 2007

Un festival forain, nomade, itinérant…
Je ne sais pas trop comment qualifier ce festival… J’aime dire de notre télévision de rue qu’elle est foraine, à cause de l’idée nomade, mais aussi pour l’image de fête populaire. Et puis, comme pour les autos-tamponneuses ou le tire pipe, la télé est quelque chose que les gens doivent s’approprier, ce n’est pas un spectacle, c’est un truc à faire. Si les gens ne participent pas, l’évènement est vidé de son sens. Je pense que pour un festival cette image foraine ou celle d’une sorte de cirque pourrait être reprise. J’aime bien jouer avec la symbolique de la caravane-urbaine, celle de la poussière des routes et du vent qui éveille l’imaginaire, élargi la pensée et libère les énergies créatives.
J’imagine un festival d’arts vivants et d’arts urbains avec des interventions dans l’espace public mais aussi un centre, un cœur au festival. Un lieu de vie aussi avec un bistro, un lieu accueillant et chaleureux.

Ce lieu du festival pourrait être un lieu désaffecté-réinvesti, genre friche industriel ou bâtiment désaffecté ou voué à une démolition prochaine qui serait à trouver à chaque étape. Ce pourrait être aussi une structure mobile complète.

Programmation
J’imagine une programmation qui accueille des créations qui aillent de travaux engagés à de la poésie à l’état pur. Un festival qui donne matière à réfléchir mais aussi qui ouvre les portes de l’imaginaire, qui fait rêver, donne de l’énergie et génère des utopies.
Je ne vois pas non plus de restrictions quant aux disciplines ou formes artistiques. A côté de cela, j’imagine aussi une programmation au cœur du festival avec des spectacles, des concerts, projections, performances, expo, débats, ateliers etc… J’aimerais des propositions qui impliquent les gens. Des choses interactives, des ateliers avec des bricoleurs, des architectes, des urbanistes, des apiculteurs et des jardiniers urbains, des artistes, des biologistes, des personnes qui mettent leurs créations en open source. Proposer des ateliers de création de jardins potagers verticaux ou autres formes de cultures urbaines. Cartographier des fissures, faire de la confiture avec les fruits de la ville et lancer des “bombes vertes” ces bombes composées de boue et de graines lancées ici et là dans les interstices urbains où elles pourraient germer. Impliquer le public c’est aussi le sortir du rôle passif de consommateur de culture en ne montrant que des œuvres achevées.  Il peut être impliqué dans le chemin, dans le processus et les œuvres peuvent être en mouvement. J’aimerais aussi des propositions entre ce qui est reconnu comme “art” et autre chose, des propositions aux frontières des genres qui ailles de l’émerveillement à l’engagement, du poétique au politique, du rire aux larmes.

 

 

Les jardins de résistance

Voici ici l’intégral du texte de Gilles Clément.Un texte précieux, essentiel de celui qui m’a le plus fait réfléchir autour de la notion de jardin. Gilles Clément est entré en résistance et à posé le concept de « jardin de résistance » et à rompu tous ces contrats avec l’Etat Français suite à l’élection de Nicolas Sarkozy. Le modèle proposé par le gouvernement actuel étant incompatible avec une gestion précautionneuse de l’espace que nous partageons avec les plantes et les animaux qui nous assurerait un futur. Il a posé se signe fort en disant aussi que la résistance ne devait pas se limiter à une nation et qu’elle doit être planétaire. Il dit encore qu’aujourd’hui les états nations n’ont pas les moyens d’engager cette résistance parce que ils sont pieds et poings liés parce que orientés par les lobby. Les actes de résistances peuvent être menés et le sont déjà, par des individus et des associations à échelle locale.

Ici le jardin est entendu au sens large et implique tous le rapport que nous entretenons avec le vivant. Nous sommes dépendant de la biodiversité et nous nous devons d’avoir une attitude respectueuse, une conscience de la fragilité de cet équilibre vital et par conséquent agir selon le principe des Amérindiens qui disaient que nous devons penser chacun de nos actes en nous demandant quelles conséquences ils auront sur les 7 générations futures.

 

Rêve en sept points pour une généralisation des jardins de résistance

1

Par jardin de résistance il faut entendre l’ensemble des espaces publics et privés où l’art de jardiner – qu’il s’agisse de jardins vivriers ou de jardins d’agrément , de parcs urbains ou d’espaces d’accompagnement de la ville , de territoires appartenant au tissu de la cité ou à celui de la campagne – se développe selon des critères d’équilibre entre la nature et l’homme sans asservissement aux tyrannies du marché mais avec le souci de préserver tous les mécanismes vitaux , toutes les diversités – biologiques ou culturelles – dans le plus grand respect des supports de vie ( eau , sols , air ) et dans le plus grand souci de préserver le bien commun et l’humanité tributaire de ce bien commun .

2

A travers les jardins de résistance se définit un art de vivre qui ne concerne pas seulement la question du jardin mais , d’une façon globale , le rapport de l’homme à son environnement social et biologique où , selon les critères issus du  Jardin en Mouvement   l’économie de vie consiste à  faire «  le plus possible avec et le moins possible contre les énergies en place  ». Cela s’applique aux gestes quotidiens dans tous les domaines d’action .La notion de résistance trouve son extension possible à tous les niveaux  . Ce faisant  il convient de se tenir en permanence en alerte afin de ne pas se trouver emporté par le flux consumériste , les idéaux de développement et les tromperies empruntant au langage de l’écologie pour , en réalité ,  en faire un objet marchand .

3

Les jardins de résistance développent des techniques précautionneuses de l’environnement . Ils proposent de vivre selon un mode peu consommateur des biens communs et , sur ces bases , élaborent les règles d’une  économie nouvelle .

Celle-ci résulte de deux mécanismes antagonistes :

–    l’un des mécanismes , le brassage planétaire des êtres et des systèmes issus des échanges distants , aboutit à une série de réajustements biologiques et sociétaux : les écosystèmes émergents .

–    l’autre mécanisme , la relocalisation des échanges et des  systèmes de distribution , permet de placer en situation minimales les coûts globaux de production (ou de gestion) et, partant , de limiter les pollutions diverses et  le bilan carbone à leur part la plus réduite.

Le brassage planétaire multiple les rencontres et les échanges entre les êtres et les systèmes culturels  historiquement isolés les uns des autres . Des rencontres et des échanges résulte une hybridation naturelle et culturelle participant au mécanisme global de l’évolution .

La relocalisation des échanges et des systèmes de distribution issue du brassage planétaire doit être interprétée comme le versant le plus significatif de  l’économie émergente nécessairement induite par les nouvelles configurations d’échanges (les écosystèmes émergents) mais aussi par les nouvelles urgences : dépenser moins et juste , consommer moins et juste , développer une dynamique du partage .

4

L’économie émergente des jardins de résistance intègre de ce fait  deux dynamiques opposées :

–    l’une associée aux échanges distants induisant la dépendance

–    l’autre associée aux échanges locaux permettant l’autosuffisance

L’économie émergente des jardins de résistance ne privilégie pas l’une ou l’autre de  ces deux dynamiques en tant que volumes échangés mais elle se positionne par rapport  à la dépendance et à l’autosuffisance en postulant que :

–    les échanges non vitaux se trouvent associés à la distance donc à la dépendance . Un accident de distance  aurait sur l’économie émergente un impact circonstanciel non significatif et ne la mettrait pas en péril .

–    les échanges vitaux se trouvent associés au local donc à l’autosuffisance . Un accident de distance ne saurait en altérer le fonctionnement .

–    aucun des échanges vitaux ou non vitaux envisagés dans le cadre des jardins de résistance ne sont supposés  contribuer à la dégradation des équilibres biologiques et sociétaux .

5

D’ores et déjà les jardins de résistance existent sur la planète sous forme atomisée . L’atomisation du système répond à la logique de l’autosuffisance qui ne justifie pas , a priori , de mise en réseau .

Dans le cadre d’une politique valorisant les principes de l’économie émergente issue des jardins de résistance et , plus généralement de la notion de  Jardin planétaire ,  il deviendrait nécessaire de fédérer le système sans le dévoyer de ses objectifs par un carcan législatif mais en lui fournissant les moyens de la coordination pour :

–    établir des échanges équitables

–    développer  des plates formes d’échanges artistiques et scientifiques de haut niveau

–    d’une façon générale , favoriser les échanges de biens immatériels issus de la diversité culturelle sur la planète.

L’atomisation du système joue en faveur de la résistance car , ainsi , il se rend difficilement saisissable .

6

Tout le temps que durera dans les esprits l’idée que seul prévaut le modèle du capitalisme il conviendra d’opposer à la machine destructrice qu’il représente une quantité de plus en plus grande et de plus en plus assumée de «  résistances » sur la planète , telle une voie lactée que le temps charge en force et en densité .

La substitution , quasi mécanique , d’un système par un autre se fera alors de façon implosive , sans désastre nécessaire , par un glissement irrépressible et logique de l’iniquité des charges vers la répartition des charges , de l’iniquité des biens vers une possible répartition des biens – au moins statistiquement – et de la privatisation du bien commun vers la libération de celui-ci .

Dès lors il sera possible d’appliquer au système atomisé un principe fédérateur et d’élaborer une politique conforme à l’idée de  Jardin planétaire.

7

Le Jardin planétaire prolonge et unifie sous un seul concept  les Jardins de résistance . Supposons la résistance ayant joué son rôle partout sur la planète il devient alors possible de développer un projet d’écologie humaniste .

Le Jardin planétaire argumente sur la notion de diversité, insiste sur la  haute dépendance  de l’humanité à la diversité (biologique et non biologique) et , par conséquent , sur la fragilité de l’espèce humaine   . Il pose une question centrale : « Comment exploiter la diversité sans la détruire ? » .Toute altération des équilibres écologiques entraînant la disparition des espèces non humaines par l’espèce humaine condamne cette dernière à la disparition . Une vision scientiste de l’avenir, substituant la performance des technologies aux gestions précautionneuses des ressources naturelles ne ferait que précipiter le « jardin » dans sa propre destruction .

Le Jardin planétaire suppose une connaissance du vivant combiné à un usage raisonné des technologies d’assistance . Il suppose un accroissement général du  savoir  suffisamment élevé pour que le principe gestionnaire du « jardin » conduise en permanence à un équilibre d’énergie entre ce qui est prélevé et ce qui est restitué au milieu . Il en résulte une gouvernance centrée sur l’Homme symbiotique : celui par lequel l’équilibre est maintenu tandis que se maintient sur la planète une capacité des systèmes biotiques à poursuivre les mécanismes de l’évolution .

En théorie développer ces sept points permet d’ établir les priorités d’ une nouvelle gouvernance et , par déduction , la charge programmatique d’un nouvelle politique . Celle-ci nous amène alors à l’émergence d’un nouveau gouvernement avec ses ministères et ses fonctions . Comme dans un rêve on voit se dessiner les lignes d’une nouvelle Constitution où les articles premiers , au lieu d’argumenter sur la mise en concurrence des sociétés , parle du partage et de l’accroissement des connaissances .

L’agriculture urbaine

L’idée d’agriculture urbaine n’est pas nouvelle Il y a eut bien sur celles liées à la seconde guerre mondiale, comme le plan Wahlen en Suisse ou les « Victory garden »aux Etats-Unis. Plus tard, au début des années 70 il y a eut des actions très militantes à New York. Liz Christy a lancé des bombes vertes bourrées de semences les friches de Lower East Side, un quartier au sud est de Manhattan où, ces actions de guérilla verte ont permis la création de jardins communautaires qui pour certains perdurent encore actuellement. Dans l’ensemble de la ville les jardins se sont multipliées et New York en compte aujourd’hui plusieurs centaines ainsi que de véritables petites fermes urbaines.

D’autres expériences d’envergures ont vu le jour comme à Détroit. Après l’effondrement de l’industrie automobile vers laquelle toute la ville était tourné, Détroit s’est retrouver avec de grandes quantités d’usines et de maisons abandonnées et plusieurs dizaines de kilomètres carrés de terrains en friches. Le chômage y a atteint des sommets et même les supermarchés ont fermés, si bien que dans certains quartiers, les habitants n’avaient plus d’autres possibilités que de se tourner vers les stations services pour acheter leurs produits alimentaires. Si les produits surgelés et industriels ne manquaient pas il était devenu très difficile d’accéder à une alimentation saine en raison du manque cruel de produits frais. Certaines personnes et associations se sont alors tournés vers l’agriculture. Ils ont transformés des terrains vagues en champs, ce qui a permis aux habitants de pouvoir accéder à des produits frais de qualités. Certains chômeurs ont retrouvés du travail, les quartiers ont été nettoyés et revalorisés par cette agriculture.  Des restaurateurs ce sont intéressés à cet approvisionnement local. Petit à petit c’est toute une économie locale qui c’est mise en place. Les bénéfices pour la santé des habitants est évidente en raison de la qualité des fruits et légumes produits sur place mais aussi grâce aux bienfaits de l’activité de jardinage.

Dans les pays du sud, bon nombre de villes ont traditionnellement leurs cultures urbaines. Dans les villes occidentales, il y a toujours eu aussi quelques jardins ou vergers. Certaines villes, comme Bruxelles, ont été construites de manière à ce que chaque maison possède une petite parcelle verte. Enfant, je jouais avec les poules de mon oncle à Uccles, un quartier au sud de Bruxelles et, l’automne dernier, je me suis régalée de pommes et de poires que ce jardin offre en abondance. Winterthur, près de Zürich compte plus d’arbres que d’habitants et d’autres villes comme Philadelphie, Seattle ou Montréal se sont tournées résolument vers l’agriculture urbaine. Les exemples sont nombreux et les articles pullulent sur le Net, comme cet article dans Ecopédia qui énumère les avantages de l’agriculture urbaine, preuve s’il en est que le mouvement est loin d’être marginal.

En suisse nous connaissons aussi depuis longtemps les jardins familiaux où à côté de la plus part des petits pavillons un drapeau, Suisse parfois, mais aussi ceux de la plus part des communautés de migrants représentés en Suisse flotte joyeusement au vent du multiculturalisme. Il y a peut-être parfois des tensions entre les pratiques sociales mais ce sont en même temps des lieux où l’autre est visible dans ses différences et dans ses ressemblances. Et ces petites parcelles de terrains sont souvent si importante pour ceux qui les occupent que les gens sont obliger de s’apprivoiser et de trouver des manières de cohabiter. En 2002, une émission de « Temps Présent » à été consacrée à ce sujet. Mais ces jardiniers ont quand même un peu la tendance commune d’avoir la main lourde dans l’utilisation des produits phytosanitaires… les fruits et légumes issus de ces jardins ne sont malheureusement pas souvent bio…

Ici, à Fribourg, il y a des lieux que j’ai chaque année envie d’investir pour y planter quelques légumes… et si on passait aux actes… si on commençait à cartographier des lieux: friches, petits coins de terre, micros-parcelles, cours intérieurs, toits, murs ou façades qui pourraient accueillir des culture verticales et autres terrains oubliés dans l’idée de les transformer en jardins ou en vergers. Ce qui n’empêche pas de poursuivre nos cultures de balcons et les celles des graines que nous faisons germer dans nos cuisines.

Voilà une technique d’hydroculture verticale découverte dans l’appartement d’Ursula qui nous a accueillit l’automne dernier dans son petit appartement de Lower East Side.